Pablo Picasso et Georges Braque à Sorgues, rien que ça !

Découvrez les détails du séjour de Pablo Picasso et Georges Braque, qui se sont installés à Sorgues en 1912, ainsi que les œuvres de Picasso durant ce séjour sorguais.

L'installation de Picasso à Sorgues

 

En juin 1912, Pablo Picasso (30 ans) s'installa à Sorgues - qui compte 4.500 habitants à l'époque - avec sa compagne Eva Gouel (27 ans), dans une villa discrète, la "villa des Clochettes", située non loin de l'hôtel de ville. Le couple était arrivé en tramway depuis Avignon, alors à la recherche d'un lieu à l'abri du monde pour que Pablo puisse travailler à son aise, tandis qu'Éva aspirait au calme.

 

Ils y resteront trois mois : « Maintenant j'ai trouvé un pays très joli, Sorgues, à 10 km d'Avignon, et j'ai trouvé une maison avec un jardin et un tapissier qui me louera des meubles » écrit-il.

 

L'installation de Braque à Sorgues
 

Georges Braque (30 ans), accompagné de sa jeune épouse Marcelle (33 ans), rejoignit Picasso à Sorgues et loua la "villa Bel-Air", une maison d'inspiration japonaise située route d’Entraigues, à partir du mois d'août 1912 jusqu'en 1917 environ (il reviendra chaque été de 1913 à 1916).

 

Sorgues, alors ville paisible et verdoyante, proche d'Avignon et au marché pittoresque, a su séduire les deux amis qui entamèrent une collaboration artistique féconde.

Découverte de la technique du papier collé

Initiateur du cubisme, Georges Braque découvre la technique du papier collé : le cubisme synthétique est né ! En effet, les deux artistes avaient pris conscience que leurs œuvres devenaient trop abstraites et s'éloignaient ainsi toujours plus du modèle d'origine : le cubisme en était à sa phase analytique et montrait ses limites... Il fallait remédier à ce problème.

Tout commence un beau jour de l'été 1912, où le regard de Georges fut attiré par un rouleau de papier imitant le chêne, exposé dans la vitrine d'un vendeur de papier peint d'Avignon... Il décide alors de le découper et de l'insérer dans sa toile, ce qui lui permit de créer de nouveaux espaces, entre l’illusion provoquée par les ombres avec les tracés au fusain et la réalité induite par le papier collé. Peu de temps après, naquit son premier papier collé, intitulé "Compotier et Verre".

Braque plaçait généralement dans ses oeuvres des fragments de journaux, des papiers imitant le bois, des emballages de cigarettes ou des lames de rasoir.

 

Le papier collé conforte Georges Braque dans son refus de l'abstraction : ancré dans la réalité, cette expérience fut décisive et marqua un tournant dans son art.

Picasso s'y met aussi !

Picasso adopte lui aussi cette nouvelle technique de papier collé, en novembre 1912. C’est ainsi qu'à Sorgues furent créés les premiers papiers collés de l’histoire de l’art !

Les oeuvres de Picasso pendant son séjour sorguais...

Pendant son séjour de trois mois, Pablo eut le temps de créer plusieurs œuvres, notamment l'Arlésienne, l'Homme à la guitare, le Poète, les Oiseaux morts ainsi qu'un grand nombre de dessins et d'esquisses de ses tableaux à venir.

 

Les murs de sa maison lui servirent également de support pour exercer son art : il peint notamment à même le mur l'œuvre "Ma jolie", plus connue sous le nom "Guitare, bouteille de Pernod, verre". Souhaitant conserver son oeuvre, Picasso fit emporter la surface du mur où était peint son tableau ovale.

Qu'est-il advenu de l'œuvre murale "Ma jolie" ?

"Ma jolie" a été acquise et restaurée plusieurs fois, nous avions perdu la trace de cette œuvre voyageuse... Mais c'était sans compter l'opiniâtreté de Christine Deloffre, présidente de l'association Picabraq, qui a décidé de mener l'enquête : trois ans de recherche furent nécessaires afin de reconstituer son périple. Retrouvée en Allemagne, l'œuvre a finalement pu être exposée à Marseille lors de l'exposition "Picasso, voyages imaginaires", grâce à l'association Picabraq.

 

Retrouvez le récit de cette intrigue captivante dans cet extrait du numéro 30 des "Études Sorguaises" en cliquant ici !

Texte librement adapté à partir des sources suivantes : Ville de Sorgues, journal des Sorgues du Comtat n°42, Etudes Sorguaises n°30.

Menez l’enquête !

 

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